
Lorsque je voyage, je prends des notes pêle-mêle. Je vous propose ici un extrait d’un de mes carnets de voyage. Mais avant, sachez que Varanasi est une ville importante pour les Hindous. Ils rêvent qu’à leur mort leurs corps y soient brûlés et leurs cendres éparpillées dans l’eau du Gange.
Allons-y ! Je vous décris tout ce que je vois :
Nous marchons le long du fleuve sacré, sur les escaliers qui longent la rive. Il est 10 h, le matin. Des hommes dans l’eau jusqu’a la taille font leurs prières. Un troupeau de buffles noirs se baigne. Un homme frotte les bêtes une à une. Puis, il tente de les faire sortir de l’eau. Pas facile !
Une petite fille fabrique des galettes de bouses de vaches qu’elle colle sur le mur pour les sécher. Elles serviront de combustible.
Trois morts brûlent sur les rives. Quatre chèvres font des pirouettes. Un cerf-volant rouge tourne dans la fumée d’un bûcher. Un homme lave ses vêtements. Un enfant rit.Le ciel et le Gange se confondent.
Un chien pouilleux se gratte. Un oiseau picosse les insectes sur la tête d’un buffle. Un cobra mort flotte au bord de l’eau. Des buffles arrivent encore, ils descendent les marches sur le bout des pieds.
Des chaloupes rouges attendent les clients. Une femme en sari vert lime jette des fleurs orange sur l’eau. Deux hommes sont assis sur les talons face à face. L’un tient un miroir, l’autre le rase.
Je n’aurais jamais imaginé Varanasi si paisible. Des tissus colorés sèchent sur les marches. Des garçons jouent au cricket avec un bâton et une roche sous l’œil attentif de trois vieillards.
Des prières résonnent d’une maison comme une longue plainte qui glisse sur le Gange et se perd dans le brouillard. Un enfant nu remplit sa chaudière et la verse sur sa tête. Des oies blanches nettoient leurs plumes dans l’ombre d’un bateau. Deux Indiens dans une barque jasent en se laissant dériver sur le Gange. On jette les cendres d’un mort dans le fleuve. Des enfants courent pour faire lever leur cerf-volant. La vie et la mort s’entremêlent et rien ne vient briser cette étrange harmonie.
Je regarde le Gange et sa pureté en dépit de tout. Varanasi est un lieu de transparence. L’œil s’arrête ou il veut. Et on peut s’y approprier un moment d’éternité.